Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 2.djvu/476

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Scène III

L’intérieur d’une église. Don Pèdre, Claudio, précédés de musiciens et de flambeaux.


CLAUDIO. — Est-ce là le monument de Léonato ?

UN SERVITEUR. — Oui, seigneur.

CLAUDIO lisant l’épitaphe.

Victime de langues calomnieuses
Héro mourut, et gît ici.
La mort, pour réparer son injure,
Lui donne un renom qui ne mourra jamais.
Celle qui mourut avec honte
Vit, dans la mort, d’une gloire pure.

(Il fixe l’épitaphe.)

Et toi que je suspends sur son tombeau, parle encore à sa louange quand ma voix sera muette. — Vous, musiciens, commencez et chantez votre hymne solennel.

(Il chante.)

Pardonne, ô déesse de la nuit,
À ceux qui ont tué ta jeune vierge[1]
C’est pour expier leur erreur,
Qu’ils viennent avec des hymnes de douleur,
Autour de sa tombe.
Ô nuit, seconde nos gémissements !
Aide-nous à soupirer et à gémir,
Profondément ! profondément !
Tombeaux, ouvrez-vous, rendez vos morts,
Jusqu’à ce que sa mort soit pleurée,
Tristement, tristement.

CLAUDIO. — Maintenant, bonne nuit à tes os ! tous les ans je viendrai te rendre tribut.

DON PÈDRE. — Adieu, messieurs. Éteignez vos flambeaux ;

  1. Virgin knight, chevalière vierge, selon Johnson, signifie pupille, élève, favorite ; selon Steevens, dans les siècles de la chevalerie, une chevalière vierge était celle qui n’avait pas encore eu d’aventures.