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ACTE III, SCÈNE I.

brutus. — Que vous dit Popilius Léna ?

cassius. — Qu’il souhaitait que notre entreprise d’aujourd’hui pût réussir. Je crains que nos projets ne soient découverts.

brutus. — Regardez quel sera son maintien en parlant à César. Observez-le.

cassius, bas à Casca. — Casca, soyez prompt ; car nous craignons d’être prévenus. (À Brutus.) Brutus, que ferons-nous ? Si la chose se sait, Cassius ou César n’en reviendra pas[1], car je me tuerai.

brutus. — Cassius, ne perdez pas courage ; Popilius Léna ne parle point de notre dessein. Regardez, il sourit, et César ne change point de visage.

cassius. — Trébonius sait prendre son temps. Remarquez-vous, Brutus ? il tire Marc-Antoine à l’écart.

(Sortent Antoine et Trébonius. César et les sénateurs prennent leurs sièges.)

décius. — Où est Métellus Cimber ? Qu’il s’avance et présente en ce moment sa requête à César.

brutus. — Il est prêt : il faut nous serrer autour de lui et le seconder.

cinna, bas. — Casca, c’est vous qui devez le premier lever le bras.

césar. — Sommes-nous prêts ? Quels sont les abus que César et son sénat doivent réformer ?

métellus cimber. — Très-noble, très-grand et très-puissant César, Métellus apporte devant ton tribunal les humbles vœux de son cœur.

(Il se met à genoux.)

césar. — Je dois te prévenir, Cimber, que ces formes rampantes, ces hommages pleins de bassesse, peuvent enflammer le sang des hommes vulgaires, et changer en vains projets d’enfants les décrets arrêtés dans leurs premières résolutions. Mais ne te flatte point de cette idée que César porte en lui-même un sang si rebelle, qu’il se laisse relâcher de son énergie naturelle

  1. Cassius or Cæsar never shall turn back. Voltaire traduit :

    Cassius ou César tournerait-il le dos ?