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JULES CÉSAR.

tomber leur tête, et, comme une bête usée qui n’a que l’apparence, ils succombent dans l’épreuve. — Vient-il avec toutes ses troupes ?

lucilius. — Elles comptent prendre cette nuit leurs quartiers dans Sardes. Le gros de l’armée, la cavalerie entière, arrivent avec Cassius.

(Une marche derrière le théâtre.)

brutus. — Écoutons, il approche. Marchons sans bruit à sa rencontre.

(Entrent Cassius et des soldats.)

cassius. — Holà, halte !

brutus. — Holà, halte ! Faites passer l’ordre le long des files.

(Derrière le théâtre.)

Halte ! halte ! halte !

cassius à Brutus. — Mon noble frère, vous avez eu des torts envers moi.

brutus. — Ô dieux que j’atteste, jugez-moi. — Ai-je jamais eu des torts envers mes ennemis ? Comment donc voudrais-je avoir des torts envers mon frère ?

cassius. — Brutus, cette réserve cache des torts, et quand vous en avez…

brutus. — Cassius, assez, exposez vos griefs sans violence. Je vous connais bien. Ne nous querellons point ici sous les yeux de nos deux armées qui ne devraient apercevoir entre nous que de l’amitié. Faites retirer vos soldats ; et alors, Cassius, venez dans ma tente, détaillez vos griefs, et je vous écouterai.

cassius. — Pindarus, commande à nos chefs de conduire leurs troupes à quelque distance.

brutus. — Donne le même ordre, Lucilius ; et tant que durera notre conférence, ne laisse personne approcher de la tente. Que Lucius et Titinius en gardent l’entrée.

(Ils sortent.)