Il a arraché de moi, monseigneur, un consentement forcé, — et je supplie votre altesse de lui donner congé.
De tout mon cœur. Léartes, adieu.
Je prends congé de vous en toute affection et loyauté.
Et maintenant, mon royal fils, Hamlet, — que veut dire cette humeur triste et mélancolique ? — Quant à votre intention d’aller à Wittemberg, — nous la tenons pour inopportune et funeste, — car vous êtes la joie et la moitié du cœur de votre mère. — Laissez-moi donc vous engager à rester à la cour, — vous, espoir unique du Danemark, notre cousin et très-cher fils.
Monseigneur, ni le vêtement noir que je porte, — ni les larmes qui restent encore dans mes yeux, — ni la mine effarée de mon visage, — ni aucun semblant extérieur — n’équivalent au chagrin de mon cœur. — Je sens, malgré moi, l’absence de celui que j’ai perdu ; — ceci n’est que l’ornement et l’habit de la douleur.
Voilà qui montre en vous une aimante sollicitude, fils Hamlet ; — mais, pensez-y bien, votre père avait perdu son père, — ce père défunt avait perdu le sien, et il en sera ainsi — jusqu’à la fin du monde. Cessez donc vos lamentations. — C’est une offense envers le ciel, une offense envers les morts, — une offense envers la nature. Et, selon la raison, — c’est le cours inévitable des choses ; — nul ne vit sur la terre qui ne soit né pour mourir.
Que les prières de ta mère ne soient pas perdues,