Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/144

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HAMLET.

Des comédiens ? Quels sont ces comédiens ?

ROSSENCRAFT.

Monseigneur, ce sont les tragédiens de la Cité ! ceux que vous avez été si souvent charmé de voir.

HAMLET.

Comment se fait-il qu’ils deviennent ambulants ? Est-ce qu’ils commencent à se rouiller ?

GILDERSTONE.

Non, monseigneur, leur réputation reste à la même hauteur.

HAMLET.

Comment cela se fait-il alors ?

GILDERSTONE.

Ma foi, monseigneur, c’est la nouveauté qui l’emporte ; — car le public qui d’habitude allait les voir, — a pris en goût les représentations particulières — et les plaisanteries des enfants.

HAMLET.

Je ne m’étonne pas grandement de cela. — Tenez, ceux qui auraient fait la grimace — à mon oncle, du vivant de mon père, — donnent maintenant cent, deux cents livres — pour son portrait. Ces acteurs seront les bienvenus : — celui qui joue le roi recevra tribut de moi ; — le chevalier errant aura le fleuret et l’écu ; — l’amoureux soupirera gratis, — le bouffon fera rire ceux — que leur poumon chatouille, dût le vers blanc en être estropié ; — et la princesse exprimera librement sa passion.

Les trompettes sonnent.
Entre Corambis.

Voyez-vous là-bas ce grand bambin ? — il n’est pas encore hors de ses langes.