Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/154

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avant de venir au théâtre. Et quels bons mots ! — « Ne pouvez-vous attendre que j’aie pris mon potage ? » — Ou bien : « Vous me devez trois mois de gages ! » Ou « Mon habit a besoin d’une pièce ! » — Ou : « Votre bière est sure ! » Bavardage des livres — qui s’en tient toujours aux mêmes facéties ; — car Dieu le sait, un clown en train ne fait une plaisanterie nouvelle — que par hasard, comme un aveugle attrape un lièvre. Dites cela au vôtre, mes maîtres.
LES COMÉDIENS.

Oui, monseigneur.

HAMLET.

C’est bien. Allez vous préparer.

Sortent les comédiens.
Entre Horatio.
HORATIO.

Me voici, monseigneur.

HAMLET.

Entre tous ceux avec qui j’ai été en rapport, — Horatio, tu es par excellence l’homme juste.

HORATIO.

Oh ! monseigneur !

HAMLET.

Allons ! pourquoi te flatterais-je ? — À quoi bon flatter le pauvre ? — quel gain puis-je faire en te flattant, — toi qui n’as rien que ton bon caractère ? — Que la flatterie soit sur les langues complaisantes, — et carresse ceux qui aiment à entendre leur éloge. — Elle n’est pas faite pour toi, Horatio. — On joue ce soir une pièce dont une scène — rappelle beaucoup le meurtre de mon père. — Quand tu verras cet acte-là en train, — fais attention au roi, observe constamment ses traits ; — quant à moi, je riverai mes jeux à son visage ; — et s’il ne pâlit pas, s’il