Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/321

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ophélia.

En vérité, je finirai sans blasphème.

Par Jésus ! par sainte Charité !
Au secours ! ah ! fi ! quelle honte !
Tous les jeunes gens font ça, quand ils en viennent là.
Par Priape, ils sont à blâmer !

Avant de me chiffonner, dit-elle,
Vous me promîtes de m’épouser.

Et la réponse :

C’est ce que j’aurais fait, par ce soleil là-bas,
Si tu n’étais venue dans mon lit.

le roi.

Depuis combien de temps est-elle ainsi ?

ophélia.

J’espère que tout ira bien. Il faut avoir de la patience : mais je ne puis m’empêcher de pleurer, en pensant qu’ils l’ont mis dans une froide terre. Mon frère le saura, et sur ce, je vous remercie de votre bon conseil. Allons, mon coche ! Bonne nuit, mes dames ; bonne nuit, mes douces dames ; bonne nuit, bonne nuit.

Elle sort.
le roi, à Horatio.

— Suivez-la de près ; veillez bien sur elle, je vous prie.

Horatio sort.

— Oh ! c’est le poison d’une profonde douleur ; il jaillit — tout entier de la mort de son père. Et maintenant voyez ! — Ô Gertrude, Gertrude, — quand les malheurs arrivent, ils ne viennent pas en éclaireurs solitaires, — mais en bataillons. D’abord c’était le meurtre de son père, — puis, le départ de votre fils, auteur par sa propre violence — de son juste exil. Maintenant, voici le peuple boueux — qui s’ameute, plein de pensées et de rumeurs