Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/356

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une âme de grand article : il y a en lui un tel mélange de raretés et de curiosités, que, à parler vrai de lui, il n’a de semblable que son miroir, et tout autre portrait ne serait qu’une ombre, rien de plus.
OSRIC.

Votre seigneurie parle de lui en juge infaillible.

HAMLET.

À quoi bon tout ceci, monsieur ? Pourquoi affublons-nous ce gentilhomme de nos phrases grossières ?

OSRIC.

Monsieur.

HORATIO, à Hamlet.

On peut donc parler à n’importe qui sa langue ? Vraiment, vous auriez ce talent-là, seigneur ?

HAMLET.

Que fait à la question le nom de ce gentilhomme ?

OSRIC.

De Laertes ?

HORATIO.

Sa bourse est déjà vide : toutes ses paroles d’or sont dépensées.

HAMLET.

De lui, monsieur.

OSRIC.

Je pense que vous n’êtes pas sans savoir…

HAMLET.

Tant mieux si vous avez de moi cette opinion ; mais quand vous l’auriez, cela ne prouverait rien en ma faveur… Eh bien, monsieur ?

OSRIC.

Vous n’êtes pas sans savoir de quelle supériorité Laertes est à son arme ?

HAMLET.

Je n’ose faire cet aveu, de peur de me comparer à lui :