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INTRODUCTION.


I

LE MONDE INVISIBLE AU SEIZIÈME SIÈCLE.

LA FÉERIE.

Au temps de Shakespeare, le spectateur, qui assistait à la représentation du Songe d’une nuit d’été et de la Tempête, ne jugeait pas ces deux pièces comme le lecteur, assis dans son fauteuil, peut les juger aujourd’hui.

Pour nous autres, enfants du dix-neuvième siècle et petits-enfants du dix-huitième, les Fééries de Shakespeare ne sont plus que des contes ravissants où l’imagination de l’auteur a tout créé ; des fées se disputant un enfant volé, un enchanteur châtiant ses ennemis par un naufrage, des farfadets soulevant à leur gré l’orage sur l’Océan ou la jalousie dans le cœur de l’homme, sont des êtres fantastiques que l’illusion seule anime un instant, et les aventures de Prospero nous paraissent aussi chimériques que celles de Cendrillon et du Chat-Botté. Pour nous, Shakespeare n’est plus ici qu’un Perrault sublime.