— Mon féérique seigneur, ceci doit être fait en hâte ; — car les rapides dragons de la nuit fendent les nuages à plein vol, — et là-bas brille l’avant coureur de l’aurore. — À son approche, les spectres errant çà et là — regagnent en troupe leurs cimetières : tous les esprits damnés, — qui ont leur sépulture dans les carrefours et dans les flots, — sont déjà retournés à leurs lits véreux. — Car, de crainte que le jour ne luise sur leurs fautes, — ils s’exilent volontairement de la lumière — et sont à jamais fiancés à la nuit au front noir.
— Mais nous, nous sommes des esprits d’un autre ordre : — souvent j’ai fait une partie de chasse avec l’amant de la matinée, — et, comme un garde forestier, je puis marcher dans les halliers — même jusqu’à l’instant où la porte de l’Orient, toute flamboyante, — s’ouvrant sur Neptune avec de divins et splendides rayons, — change en or jaune le sel vert de ses eaux. — Mais, pourtant, hâte-toi ; ne perds pas un instant ; — nous pouvons encore terminer cette affaire avant le jour. —
Par monts et par vaux, par monts et par vaux,
Je vais les mener par monts et par vaux ;