Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/235

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Le malheur donne à un homme d’étranges compagnons de lit. Je vais m’ensevelir ici jusqu’à ce que l’orage ait jeté sa lie.

Entre Stephano, chantant, une bouteille à la main.
STEPHANO.

Je n’irai plus en mer, en mer !
Je veux mourir ici, à terre.

C’est un air fort graveleux à chanter aux funérailles d’un homme ; mais voici qui me réconforte.

Il boit.

Le patron, le balayeur, le bosseman et moi,
Le canonnier et son aide,
Nous aimions Mall, Meg, Marianne et Margery,
Mais aucun de nous ne se souciait de Kate.
Car elle avait la langue pointue ;
Elle criait aux matelots : Va te faire pendre !
Elle n’aimait pas la saveur du goudron ni de la poix.
Mais un tailleur pouvait la gratter où ça la démangeait.
Allons ! en mer, enfants !
Et qu’elle aille se faire pendre !

C’est un air graveleux, décidément. Mais voici qui me réconforte.

Il boit.
CALIBAN.

— Ne me tourmente pas. Holà ! —

STEPHANO.

Qu’y a-t-il ? Avons-nous des diables ici ? Est-ce qu’on nous joue des farces avec des sauvages et des hommes d’Inde ? Ha ! je n’ai pas esquivé la noyade pour m’effrayer maintenant de vos quatre pattes. Car il a été dit : L’homme le plus convenable qui ait jamais marché à quatre pattes ne