Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que cette résistance avait une cause plus profonde, et voici, selon lui, quelle était cette cause. L’amiral se rappelait que, quelques mois auparavant, il avait souffleté sur les deux joues un bailli de Copenhague. Or, la femme de ce bailli était une sorcière avérée. Donc, il était certain que cette femme s’était liguée avec ses commères pour venger son mari, et avait excité le vieil Éole à rendre à la flotte de l’amiral le double soufflet que l’amiral avait donné au bailli. Ne rions pas. En vertu de ce syllogisme, la femme du bailli fut traduite devant le tribunal danois, condamnée comme coupable d’attentat sur la personne de la reine d’Écosse, et brûlée vive avec quelques-unes de ses amies.

Ce que je raconte là est historique.

Mais nous ne sommes pas au bout. Continuons.

Lorsque « la justice humaine eut été satisfaite, » l’amiral Munck respira. Il fit savoir au roi d’Écosse que, les exécrables auteurs de la dernière tempête ayant été punis, nul obstacle ne s’opposait désormais à l’arrivée de la princesse Anna. Définitivement rassuré, Jacques VI s’occupa sur-le-champ de réunir toute la maison de la reine et fit prévenir la première dame d’honneur, alors en Angleterre, qu’elle eût à se rendre immédiatement au palais pour prendre possession de sa charge. Cette dame d’honneur n’était autre que Jane Kennedy, lady Melville, cette noble femme qui, naguère suivante de Marie Stuart, n’avait quitté sa maîtresse que devant l’échafaud.

De son côté, l’amiral Munck avait appareillé pour la troisième fois. Bonne brise. Temps superbe. L’escadre danoise file douze nœuds à l’heure. Enfin, elle n’est plus qu’à vingt lieues de la côte écossaise. Elle est arrivée.

Croyez-vous ?

Mais non ; le temps vient de changer. Ô prodige ! ô dé-