Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/76

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trouver la formule. Ce fut ainsi qu’il usa son existence. Rentré en Angleterre après une longue absence, il eut à se justifier de ses relations suspectes devant l’archevêque de Cantorbéry, et ce fut une grâce de la reine qui le sauva du fagot. Trop heureux, il mourut de misère après avoir vécu d’aumône. Quant à son associé Kelly, il se tua en 1595, en sautant par la fenêtre d’une prison où l’avait enfermé son protecteur, Rodolphe II.

Si telle était la destinée des maîtres de la magie blanche, de ceux que patronnaient les reines et les empereurs, quel était donc le sort réservé aux adeptes plus humbles ? Écoutez, pour en finir sur ce sujet, deux histoires curieuses :

Vers 1585, un membre du haut clergé d’Écosse, le savant Patrick Adamson, évêque de Saint-André, souffrait d’une fièvre lente que la médecine d’alors avait été jusque-là impuissante à guérir. Au moment où le prélat se désespérait, un ami lui conseilla de s’adresser à une paysanne du village de Byrehill qui avait fait, disait-on, des cures merveilleuses. Elle s’appelait Alisa Pearson. L’évêque suivit le conseil et fit venir la paysanne. Après avoir examiné le malade, Alisa déclara qu’elle le guérirait en transmettant sa maladie à un cheval de ses écuries. L’évêque accepta cette condition. La paysanne revint le lendemain apportant pour tout médicament un poulet étuvé par elle-même, et une potion composée de vin de Bordeaux et de certaines herbes connues d’elle. Le prélat prit sans répugnance le remède que lui avait préparé son médecin en cotillon, et s’en trouva soulagé dès le premier jour. Il suivit le même régime pendant quelque temps ; et, après deux semaines, il se portait mieux que jamais. La maladie avait définitivement passé à un cheval blanc, qui mourut exactement le jour du rétablissement de l’évêque.