Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/79

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de femmes ; qu’elle se signa et pria, en les voyant tous faire bonne chère avec des pipes et du vin ; qu’elle fut enlevée par eux ; que, pour peu qu’elle dît un mot de ces choses, elle était cruellement tourmentée par eux ; et que, la première fois qu’elle alla avec eux, elle reçut un coup violent qui lui ôta l’usage d’un côté en y laissant une marque sinistre ;

» Item. Considérant qu’une autre fois elle surprit les Bons Voisins en train de composer leurs onguents dans des chaudrons mis sur le feu et de recueillir leurs herbes avant le lever du soleil ; qu’alors ceux-ci vinrent à elle très-effrayés, l’écorchèrent très-fort, ce qui la fit crier, et, après des menaces terribles, paralysèrent le côté sain qui lui restait, ce qui la mit au lit pour plusieurs semaines ; qu’ensuite ils vinrent par intervalle s’asseoir à son chevet, lui promettant qu’elle n’aurait besoin de rien si elle était discrète, mais qu’ils la massacreraient si elle parlait ; que M. William Sympsone la guérit enfin et lui apprit comment il avait été enlevé jadis par les Bons Voisins, l’avertissant de se signer pour n’être pas enlevée comme lui, et lui avouant que chaque année, sur dix habitants de la terre des fées, il fallait en livrer un à l’enfer ;

» Item. Considérant que ledit M. William lui indiquait quelles herbes étaient bonnes pour chaque maladie et comment les employer ; qu’il lui dit notamment que l’évêque de Saint-André était affligé de diverses maladies, telles que la fièvre, le frisson, le flux ; qu’il lui fit faire un onguent pour frictionner le malade, et lui donna la recette d’une potion à lui faire boire ;

» Ladite Alisa Pearson, convaincue du crime de sorcellerie, est condamnée à être brûlée vive[1]. »

  1. Voir l’original du jugement cité par Walter Scott dans l’ouvrage intitulé Minstrelsy of Scottish Border.