Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/81

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rants ! mon mari et mon petit dernier malades ! ne dois-je pas avoir le cœur bien navré ?

— Bessie, tu as offensé Dieu par quelque impiété. Tes deux moutons n’en reviendront pas. Ton dernier-né mourra. Mais, si tu te repens vite, ton mari se rétablira.

Élisabeth rentra à la ferme. Les deux moutons étaient morts ! son enfant à l’agonie ! Alors elle se rappela l’avertissement du vieillard et se mit à prier. André Jacques se trouva mieux et guérit.

Une semaine après, Élisabeth passait près du fourré de Daumstarnick, lorsqu’elle rencontra le même personnage.

— Eh bien ! Bessie, ma prédiction s’est-elle réalisée ?

— Hélas ! répliqua la paysanne avec un gros soupir, mes deux moutons ! mon pauvre petit dernier ! vous l’aviez bien dit, Monsieur. Heureusement, voilà mon mari tiré d’affaire. Grâce à vos bons avis. Puis-je au moins savoir le nom de celui qui m’a si bien conseillée ?

— Mon nom, Bessie, je veux bien te le dire, mais à une condition, c’est que tu ne révéleras jamais nos relations à qui que ce soit.

— Jamais !

— Tu as sans doute, dans ton enfance, entendu parler de Thomas Reid, l’ancien écuyer du laird de Blair, celui qui fut tué le 10 septembre 1547, à la fameuse bataille de Pinkie.

— À la bataille de Pinkie ! Certainement. On parle souvent de lui encore dans le pays. Le pauvre homme !

— Eh bien, ce Thomas Reid, c’est moi.

— C’est vous ? s’écria Bessie avec stupéfaction.

— Oui, c’est moi, repartit le vieillard, et je puis t’en donner la preuve, si tu le désires. Il existe encore, dans