Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/84

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Mais je veux que nous nous quittions bons amis. Il y a bien des choses, vois-tu, Bessie, que, nous autres, nous savons, et que, vous autres, vous ignorez. Je mets toute ma science à ta disposition. Si jamais tu as égaré quelque objet précieux, appelle-moi, et je te révélerai le lieu où il est. Si jamais quelqu’un de ceux qui t’intéressent tombe malade, appelle-moi, et je t’indiquerai où est le remède.

Et le revenant disparut.

Depuis cette époque, Élisabeth Dunlop eut de fréquentes entrevues avec son féerique conseiller. Grâce aux instructions de Thomas Reid, elle accomplissait de véritables miracles. Elle avait l’art de retrouver toutes les choses perdues et de guérir toutes les indispositions. Et, comme elle n’avait fait de confidence à personne, nul ne savait d’où elle tenait cet art. Ce qui est certain, c’est qu’on venait de tous les environs la consulter sur des cas graves et qu’elle donnait des médicaments infaillibles. — Un jour, on vint la quérir pour aller visiter une suivante de lady Stanley, dont le médecin du château n’avait pu jusqu’ici découvrir la maladie. Élisabeth en référa secrètement à Thomas Reid, qui déclara immédiatement que l’affection était produite « par un sang froid qui venait autour de la tête, » et ordonna une potion, composée d’ale forte légèrement sucrée et de certaines plantes aromatiques, à prendre chaque matin. La prescription fit merveille, et la malade se rétablit bientôt complètement.

Malheureusement pour Élisabeth, il y eut quelqu’un que cette cure indisposa. Ce fut le médecin du château, qui fut profondément humilié dans sa patente par le savoir naïf de la paysanne. Le Diafoirus écossais jugea que la science humaine n’avait plus rien à faire là où sa propre science avait échoué : il déclara avec fureur que la malade