Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/131

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cite, — avec vingt blessures mortelles dans le crâne, — et on nous chasse de nos siéges. Voilà qui est plus étrange — que le meurtre lui-même.
LADY MACBETH.

Mon digne seigneur, — vos nobles amis ont besoin de vous.

MACBETH.

J’oubliais… — Ne vous étonnez pas, mes très-dignes amis ; — j’ai une étrange infirmité qui n’est rien — pour ceux qui me connaissent. Allons, amitié et santé à tous ! — Maintenant je vais m’asseoir. Donnez-moi du vin ; remplissez jusqu’au bord !

Entre le Spectre.

— Je bois à la joie de toute la table, — et à notre cher ami Banquo qui nous manque. — Que n’est-il ici ! À lui et à tous notre soif ! — Buvons tous à tous !

LES SEIGNEURS.

Nous vous rendons hommage en vous faisant raison.

MACBETH.

— Arrière ! ôte-toi de ma vue ! que la terre te cache ! — Tes os sont sans moelle ; ton sang est glacé ; — tu n’as pas de regard dans ces yeux — qui éblouissent.

LADY MACBETH.

Ne voyez là, nobles pairs, — qu’un fait habituel. Ce n’est pas autre chose. — Seulement cela gâte le plaisir du moment.

MACBETH.

Tout ce qu’ose un homme, je l’ose. — Approche sous la figure de l’ours velu de Russie, — du rhinocéros armé ou du tigre d’Hyrcanie, — prends toute autre forme que celle-ci, et mes nerfs impassibles — ne trembleront pas. Ou bien redeviens vivant, — et provoque-moi au