Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/15

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» Sur quoi Macbeth, retournant la chose dans sa pensée, commença immédiatement à réfléchir comment il pourrait atteindre à la royauté ; mais pour le présent il se décida à laisser faire le temps, qui l’y élèverait, grâce à la divine Providence, comme il l’avait déjà fait monter à la dignité récente.

» Mais peu après, il arriva que le roi Duncan, ayant deux fils par sa femme, laquelle était fille de Siward, comte de Northumberland, fit l’aîné, appelé Malcolm, prince de Cumberland, voulant par là le désigner pour être son successeur dans le royaume immédiatement après sa mort. Macbeth en fut vivement troublé, car il vit son espoir cruellement ruiné par cette mesure, — les vieilles lois du royaume ayant réglé que, dans le cas où le successeur direct ne serait pas en âge de régner par lui-même, son plus proche parent serait admis à sa place. Il commença donc à se demander comment il pourrait usurper la royauté par la force, ayant, dans son opinion, de justes griefs pour le faire, car ce Duncan avait fait son possible pour le dépouiller des titres de toute espèce que Macbeth pouvait faire valoir dans l’avenir à l’appui de ses prétentions à la couronne.

» Les paroles des trois sœurs fatidiques dont il vient d’être fait mention l’encourageaient grandement dans son projet, mais c’était surtout sa femme qui pesait rudement sur lui pour lui faire tenter la chose, attendu qu’elle était très-ambitieuse et qu’elle brûlait d’un désir inextinguible de porter le nom de reine. »

Tous les arguments, lady Macbeth les employa pour déterminer son mari. Elle invoqua auprès de lui l’amour, l’ambition, la rancune. D’ailleurs, il y avait un exemple fameux qu’elle pouvait proposer au thane indécis : c’était la manière terrible dont le thane Donwald avait fait disparaître le roi Duffe, en l’an 965.