Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA DAME DE SERVICE.

C’est un geste qui lui est habituel, d’avoir ainsi l’air de se laver les mains. Je l’ai vue continuer à faire cela pendant un quart d’heure.

LADY MACBETH.

Il y a toujours une tache.

LE DOCTEUR.

Écoutez ! elle parle : je vais noter tout ce qui lui échappera, pour fixer plus fermement mon souvenir.

LADY MACBETH.

Va-t’en, tache damnée ! va-t’en, dis-je… Une ! deux ! Alors il est temps de faire la chose !… L’enfer est sombre ! … Fi ! monseigneur, fi ! un soldat avoir peur !… À quoi bon redouter qu’on le sache, quand nul ne pourra demander de comptes à notre autorité ? Pourtant qui aurait cru que le vieux homme eût en lui tant de sang ?

LE MÉDECIN.

Remarquez-vous cela ?

LADY MACBETH.

Le thane de Fife avait une femme ; où est-elle à présent ? … Quoi ! ces mains-là ne seront donc jamais propres ? … Assez, monseigneur, assez ! Vous gâtez tout avec ces frémissements.

LE MÉDECIN.

Allez ! allez ! vous en savez plus que vous ne devriez !

LA DAME DE SERVICE.

Elle a parlé plus qu’elle n’aurait dû, je suis sûre de cela. Le ciel sait ce qu’elle sait !

LADY MACBETH.

Il y a toujours l’odeur du sang… Tous les parfums d’Arabie ne rendraient pas suave cette petite main ! Oh ! oh ! oh !

LE MÉDECIN.

Quel soupir ! Le cœur est douloureusement chargé.