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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/176

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n’a vécu que jusqu’à ce qu’il fût un homme ; — à peine sa prouesse lui a-t-elle confirmé ce titre, — au poste immuable où il a combattu, — qu’il est mort comme un homme.
SIWARD.

Il est donc mort ?

ROSSE.

— Oui, et emporté du champ de bataille. Votre douleur — ne doit pas se mesurer à son mérite, car alors — elle n’aurait pas de fin.

SIWARD.

A-t-il reçu ses blessures par devant ?

ROSSE.

— Oui, de face.

SIWARD.

Eh bien, qu’il soit le soldat de Dieu ! — Eussé-je autant de fils que j’ai de cheveux, — je ne leur souhaiterais pas une plus belle mort. — Et voilà son glas sonné.

MALCOLM.

Il mérite plus de regrets ; — il les aura de moi.

SIWARD.

Il n’en mérite pas plus. — On dit qu’il est bien parti, et qu’il a payé son écot. — Sur ce, que Dieu soit avec lui !… Voici venir une consolation nouvelle.

Rentre Macduff, portant la tête de Macbeth au bout d’une pique.
MACDUFF.

— Salut, roi ! car tu l’es.

Il enfonce la pique en terre.

Regarde où se dresse — la tête maudite de l’usurpateur. Notre temps est libre. — Ceux que je vois autour de toi, perles de ta couronne, — répètent mentalement mon salut ; — je leur demande de s’écrier tout haut avec moi : — Salut, roi d’Écosse !