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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/20

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Grâce à cette prophétie, Macbeth bannit toute crainte de son cœur, supposant qu’il pourrait faire ce qu’il voudrait sans crainte d’en être puni : car, suivant la première prédiction, il croyait impossible à tout homme de le vaincre, et, suivant la seconde, impossible de le tuer. Ce vain espoir lui fit faire bien des choses outrageantes pour la cruelle oppression de ses sujets. À la fin Macduff, pour échapper au péril qui menaçait sa vie, résolut de passer en Angleterre pour décider Malcolm Cammore à réclamer la couronne d’Écosse. Mais ce projet ne fut pas tenu assez secret par Macduff pour que Macbeth n’en n’eût pas connaissance : car les rois ont, comme on dit, la vue aussi perçante que le sphynx, et les oreilles aussi longues que Midas ; et, en effet, Macbeth avait dans la maison de chaque noble un espion payé par lui pour lui révéler ce qui se faisait ou se disait, et c’est par ce moyen qu’il frappa la plupart des nobles de son royaume.

» Ayant donc été averti du moment où Macduff devait partir, il accourut immédiatement avec de grandes forces dans le comté de Fife, et assiégea sur-le-champ le château de Macduff, espérant l’y trouver. Ceux qui gardaient la maison ouvrirent les portes sans résistance et le laissèrent entrer, ne lui soupçonnant aucune mauvaise intention. Mais Macbeth n’en fit pas moins massacrer cruellement la femme et les enfants de Macduff, ainsi que tous ceux qu’il trouva dans le château. De plus, il confisqua les biens de Macduff, le proclama traître et le bannit de toutes les parties de son royaume ; mais Macduff, déjà hors de danger, s’était rendu en Angleterre auprès de Malcolm Cammore, pour obtenir son appui et tâcher de venger le meurtre si cruel de sa femme, de ses enfants et de ses amis[1]. »

  1. Holinshed.