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SCÈNE VIII.

PEMBROKE.

— Tous les meurtres passés sont excusés par celui-ci : — il est si unique, si incomparable — qu’il donnera de la sainteté et de la pureté — aux crimes encore à venir des temps, — et qu’il tournera en plaisanterie le plus funèbre carnage — par l’exemple de cet atroce spectacle.

LE BÂTARD.

— C’est une œuvre damnée et sanglante, — l’action sacrilége d’une main brutale, — si c’est l’œuvre d’une main.

SALISBURY.

— Si c’est l’œuvre d’une main ! — Nous avions une sorte de lumière sur ce qui arriverait : — l’exécution de cette infamie est de la main d’Hubert ; — le plan et l’idée sont du roi. — Aussi j’interdis à mon âme l’obéissance à ce roi ; — je m’agenouille devant cette ruine d’une chère vie, — et j’exhale, devant cette perfection sans haleine, — l’encens d’un vœu sacré : le vœu — de ne jamais goûter les jouissances de ce monde, — de ne jamais me laisser corrompre par le plaisir, — de ne pas connaître le bien-être ni le loisir, — avant que j’aie glorifié mon bras — en l’élevant à la hauteur de la vengeance !

PEMBROKE ET BIGOT.

— Nos âmes confirment religieusement tes paroles.

Entre Hubert.
HUBERT.

— Milords, je me suis échauffé à courir à votre recherche. — Arthur est vivant : le roi vous envoie demander.

SALISBURY.

— Oh ! voilà un impudent qui ne rougit pas devant la mort.

À Hubert.

— Hors d’ici, odieux scélérat, va-t’en !