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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/27

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22 mai 1200, Philippe cède à Jean tous les domaines qu’il vient de conquérir, pourvu que Jean s’engage à les léguer après sa mort à la couronne de France. Pour consacrer cet inique accommodement, négocié par la reine-mère Éléonore, un mariage est conclu entre le fils du roi de France et la nièce du roi d’Angleterre. « Finalement, les deux rois s’abouchèrent entre les villes de Vernon et des Andelys, et décidèrent le mariage entre Louis, fils de Philippe, et madame Blanche, fille d’Alphonse, roi de Castille, huitième du nom, et nièce du roi Jean par sa mère Éléonore[1]. » Quant à Arthur, il dut se contenter du duché de Bretagne et du comté de Richmond que les deux rois voulurent bien ne pas lui prendre.

Constance mourut en 1201, quelques mois après cette convention. Fut-ce de douleur ? La chronique ne le dit pas.

Débarrassée de son infatigable rivale, la reine-douairière Éléonore regardait la cause d’Arthur comme perdue à tout jamais. Mais elle avait compté sans les passions de son fils qui vinrent se jeter à la traverse de ses calculs. Dans un voyage qu’il avait fait en Aquitaine, le roi Jean était devenu éperdument amoureux d’Isabelle d’Angoulême, femme du comte de la Marche ; il trouva tout simple de l’enlever et de l’épouser, bien qu’il fût déjà marié lui-même. Le comte de la Marche dénonça cet outrage avec une furie digne de Ménélas ; et, à son instigation, Philippe-Auguste déclara au nouveau Pâris une seconde guerre de Troie. Voilà donc l’Angleterre et la France en feu, comme jadis la Grèce et l’Asie. Philippe reprit sous sa protection Arthur de Bretagne, et la lutte recommença avec plus d’acharnement que jamais. Tandis que le roi de France attaquait la Normandie, et le comte de la

  1. Holinshed.