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SCÈNE X.

Au Dauphin.

Sur ce, écoutez notre roi anglais ; — car c’est sa majesté qui vous parle en moi. — Le roi est préparé, et il a raison de l’être : — les simagrées indécentes de votre attaque, — cette mascarade harnachée, cette équipée insensée, — cette effronterie imberbe et ces troupes gamines — le font sourire : et il est tout préparé — à donner le fouet à vos guerriers nains et à votre armée pygmée — en les chassant de ses domaines. — Le bras, qui a pu vous bâtonner à votre porte même — et qui vous a forcés à faire le saut périlleux, — à vous plonger, comme des baquets, dans des puits cachés, — à vous blottir dans le fumier de vos étables, — à vous encaquer, comme des pions, dans des boîtes à échecs, — à faire l’amour aux truies, à chercher un asile parfumé — dans les caves et dans les prisons, à frissonner et à trembler — rien qu’au cri de votre coq national — que vous preniez pour la voix d’un Anglais armé, — ce bras victorieux qui vous a punis jusque dans votre logis, — croyez-vous donc qu’il soit plus faible ici ? — Non, sachez-le, le vaillant monarque est en armes, — planant comme l’aigle au-dessus des créneaux de son aire, — pour fondre sur l’ennemi qui approche.

À Salisbury et aux lords.

— Et vous, dégénérés, vous, ingrats rebelles, — vous, sanguinaires Nérons qui déchirez le sein — de votre mère chérie, l’Angleterre, rougissez de honte : — car vos propres femmes, vos filles au pâle visage — arrivent, comme des amazones, courant derrière nos tambours ; — leurs dés se sont changés en gantelets de fer, — leurs aiguilles en lances, et leur douceur de cœur — en humeur farouche et sanglante !

LOUIS.

— Finis là ta bravade, et tourne les talons en paix. — Nous convenons que tu as la langue mieux pendue que