Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
307
SCÈNE III.

MARGUERITE, à part.

— Que Dieu l’en punisse !

RICHARD.

— Afin de combattre pour les droits d’Édouard à la couronne. — Et, en récompense, voilà le pauvre lord encagé ! — Plût à Dieu que mon cœur fût de roche comme celui d’Édouard, — ou le cœur d’Édouard tendre et compatissant comme le mien ! — Je suis trop puérilement naïf pour ce monde !

MARGUERITE, à part.

— Enfuis-toi de honte aux enfers et quitte ce monde, — archidémon ! C’est là qu’est ton royaume !

RIVERS.

— Milord de Glocester, dans ces jours difficiles — où vous nous accusez d’avoir été des ennemis, — nous avons suivi notre maître d’alors, notre roi légitime. — Nous en ferions autant pour vous, si vous étiez notre roi.

RICHARD.

— Si je l’étais ? J’aimerais mieux être portefaix. — Loin de mon cœur une telle pensée !

ÉLISABETH.

— Par le peu de joie que vous auriez, dites-vous, milord, — à être roi de ce pays, — vous pouvez vous figurer le peu de joie — que j’ai à en être la reine.

MARGUERITE, à part.

— Elle a peu de joie, en effet, la reine d’Angleterre ! — Moi, qui la suis, je suis sans joie. — Je ne puis me contenir plus longtemps.

Elle s’avance.

— Écoutez-moi, pirates tapageurs qui vous battez — pour le partage de ce que vous m’avez volé. — Qui de vous ne tremble pas en me regardant ? — Reine, si je ne vous fais plus courber comme sujets, — détrônée par vous, je vous fais frissonner comme rebelles.