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SCÈNE XVIII.
George profané a perdu sa dignité sacrée ; — ta Jarretière souillée a laissé en gage sa chevaleresque vertu ; — ta couronne usurpée a souillé sa gloire royale. — Si tu veux faire un serment qu’on puisse croire, — jure donc par quelque chose que tu n’aies pas outragé.
RICHARD.

— Eh bien ! par le monde…

LA REINE ÉLISABETH.

Il est plein de tes forfaits hideux !

RICHARD.

— Par la mort de mon père…

LA REINE ÉLISABETH.

Ta vie l’a déshonorée !

RICHARD.

— Alors, par moi-même…

LA REINE ÉLISABETH.

Tu t’es toi-même avili !

RICHARD.

— Eh bien alors, par Dieu…

LA REINE ÉLISABETH.

C’est Dieu que tu as le plus outragé. — Si tu avais craint de rompre un serment fait en son nom, — l’union qu’avait formée le roi ton frère — n’aurait pas été rompue, ni mon frère égorgé. — Si tu avais craint de rompre un serment fait en son nom, — l’impérial métal qui entoure maintenant ta tête — aurait orné les jeunes tempes de mon enfant ; — et ils seraient ici vivants, ces deux tendres princes — qui maintenant, camarades de lit de la poussière, — sont devenus la proie des vers, par ta foi violée ! — Par quoi peux-tu jurer à présent ?

RICHARD.

Par l’avenir.

LA REINE ÉLISABETH.

— Tu l’as outragé dans le passé. — J’ai moi-même à