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SCÈNE XXII.

RICHARD.

— Il avait raison : cela est fort juste.

L’horloge sonne.

— Quelle heure est-ce là ?… Qu’on me donne un calendrier ! — Qui a vu le soleil aujourd’hui ?

RATCLIFF.

Je ne l’ai pas vu, milord.

RICHARD.

— C’est qu’alors il dédaigne de luire : car, d’après le livre, — il devrait éblouir l’orient depuis une heure ; — ce sera un jour sombre pour quelqu’un ! — Ratcliff !

La pluie tombe.
RATCLIFF.

Milord ?

RICHARD.

Le soleil ne veut pas être vu aujourd’hui : — le ciel se rembrunit et pleure sur notre armée ; — je voudrais que ces larmes ne fussent qu’une rosée sortie de la terre. — Pas de soleil aujourd’hui ! Eh bien, que m’importe à moi — plus qu’à Richmond ? Le même ciel, — qui se rembrunit pour moi, lui fait aussi triste mine.

Entre Norfolk.
NORFOLK.

— Aux armes, aux armes, milord ! l’ennemi se pavane dans la plaine.

RICHARD.

— Allons ! alerte ! alerte ! Qu’on caparaçonne mon cheval ! — Qu’on appelle lord Stanley ! qu’on lui dise d’amener ses forces ! — Je veux conduire mes soldats dans la plaine, — et régler mon ordre de bataille. — Mon avant-garde se déploiera sur une seule ligne, — composée en nombre égal de cavaliers et de fantassins ; — nos archers