Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/45

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devaient être décapités ce jour-là même à Pomfret. Lord Hastings était dans la confidence de cet acte, mais il était loin de se douter que la hache était suspendue si près de sa tête.

— Sur ma foi, l’ami, ajouta-t-il, jamais je n’ai été si désolé, jamais je n’ai été en plus grand danger de mort que quand je te rencontrai alors. Et vois comme le monde est changé aujourd’hui : maintenant ce sont mes ennemis qui sont en danger, comme tu pourras bientôt en avoir la preuve, tandis que moi, jamais, dans ma vie, je n’ai été plus joyeux, ni dans une aussi grande sécurité.

— Je prie Dieu que l’avenir vous donne raison, fit le poursuivant d’armes.

— L’avenir ! Tu en doutes. Bah ! bah ! je te le garantis. Et sur ce, lord Hastings entra à la Tour, quelque peu mécontent. »

Maintenant que Hastings est dans la Tour, maintenant qu’il a pris place dans la salle du Conseil, que va-t-il se passer ? Écoutez encore le dramatique récit de Thomas Morus :

« Les lords étaient en séance et délibéraient, quand le Protecteur parut au milieu d’eux. Il était neuf heures. Il les salua avec courtoisie, et s’excusa de son retard en disant qu’il avait été grand dormeur ce matin-là. Après avoir causé avec eux quelques instants, il dit à l’évêque d’Ély : — Milord, vous avez de bien bonnes fraises dans votre jardin d’Holborn, je vous prie de nous en régaler.Bien volontiers, milord, répondit l’évêque, je voudrais avoir quelque chose de mieux que je pusse vous offrir aussi aisément. Et il envoya immédiatement un de ses gens chercher un plat de fraises. — Après avoir animé la discussion, le Protecteur pria les lords de se passer de lui un moment et se retira. Entre dix et onze heures, il re-