Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/59

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Jugez-le à l’œuvre. En si peu de temps, que de mesures excellentes ! que de réformes utiles ! Richard a aboli le monstrueux impôt établi par Édouard IV sous le nom de bienveillances, il a affranchi de ses charges la propriété foncière, il a adouci la procédure criminelle, il a exigé l’éducation des jurés ; le premier, il a fait rédiger les actes publics dans la langue nationale ; enfin, il a réuni Berwick à l’Angleterre. C’est un législateur ! C’est un conquérant ! Vive Richard III !

Tout à coup, au milieu de cet enthousiasme général, une nouvelle éclate comme la foudre : le comte de Richmond a passé la Severn ! À l’apparition du Prétendant, Richard tressaille, comme le roi Jean à l’approche de Louis de France, comme Macbeth à l’arrivée de Malcolm. « Quand il reçut le message, il poussa un cri de douleur, demandant vengeance contre ceux qui, au mépris de leur serment, l’avaient si déloyalement trompé. Entouré de ses gardes et des yeomen de la couronne, le sourcil froncé, l’air farouche, il monta sur son grand cheval blanc. Ses fantassins le suivirent, la cavalerie formant les ailes. Et, gardant cet ordre de bataille, Richard entra en grande pompe dans la ville de Leicester, après le coucher du soleil[1]. » Prévenu de cette marche, Richmond court au-devant de son ennemi ; il part de Shrewsbury, traverse Lichfield et campe à Tamworth. De Tamworth à Leicester, il n’y a que quelques heures de marche. « Sur ces entrefaites, le roi Richard, — condamné à finir sa tâche par la justice divine de la Providence qui lui réservait la punition méritée de ses crimes et de ses forfaits, — marcha sur un point propre à la rencontre de deux armées, en avant d’un village appelé Bosworth, qui n’est pas loin de Leicester ; là il planta sa

  1. Extrait de la chronique de Hall.