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TROYLUS ET CRESSIDA.
que je ressens est aiguë, entière, complète, — et l’impression a toute la violence — de ce qui la cause. Comment puis-je la modérer ? Si je pouvais suspendre ma passion, — ou en affaiblir et en refroidir la dose, — je pourrais également alléger ma douleur. — Mais mon amour n’admet pas d’alliage diminuant, — pas plus que ma douleur, dans une perte si chère.
Entre Troylus.
PANDARUS.
Le voici ! le voici ! le voici ! ce pauvre cher canard !
CRESSIDA.
Ô Troylus ! Troylus !
PANDARUS.
Les deux font la paire ! Que je vous embrasse aussi ! Ô cœur, comme dit la belle chanson,
Ô cœur, cœur accablé.
Pourquoi soupires-tu sans t’ouvrir ?
À quoi la réponse :
Parce que je ne puis soulager ma douleur
Par expansion ni par parole.
Il n’y a jamais eu de rime plus vraie. Ne jetons rien au rebut, car un jour peut venir où nous avons besoin de vers pareils ; nous le voyons, nous le voyons… Eh bien, mes agneaux ?
TROYLUS.
— Cressida ! je t’aime d’une ardeur si pure, — que les dieux bienheureux, furieux de voir ma passion — plus fervente que la dévotion que — de froides lèvres jettent à leur divinité, t’enlèvent à moi.
CRESSIDA.
— Les dieux ont donc de l’envie ?