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TROYLUS ET CRESSIDA.

ÉNÉE, du dehors.

— Eh bien, mon bon seigneur ?

TROYLUS.

Allons, un baiser, et séparons-nous !

PÂRIS, du dehors.

Frère ! Troylus !

TROYLUS.

Entrez, cher frère, — et amenez Énée et ce Grec avec vous.

CRESSIDA.

— Monseigneur, serez-vous fidèle !

TROYLUS.

— Qui ? moi ? hélas ? voilà mon vice, mon défaut, — Tandis que d’autres peuvent, à force d’astuce, pêcher une grande renommée, — moi, à force de sincérité, je n’attrape qu’une pure estime ! — Tandis que d’autres dorent avec art leur couronne de cuivre, — moi, avec franchise et simplicité, je porte la mienne toute nue. — Ne doute pas de ma fidélité ; la devise de mon caractère : — c’est simplicité et bonne foi. Voilà toute sa morale.

Entrent Énée, Pâris, Deiphobus et Diomède.
TROYLUS.

— Soyez le bienvenu, messire Diomède ! Voici la dame — que nous vous remettons en échange d’Anténor. — C’est à la porte de la ville, seigneur, que je la laisserai entre vos mains ; — en route, je vous révélerai ce qu’elle est. — Traitez-la noblement, et, sur mon âme, beau Grec, — si jamais tu te trouves à la merci de mon épée, — nomme seulement Cressida, et ta vie sera en sûreté, — comme Priam dans Ilion.

DIOMÈDE.

Belle dame Cressida, — dispensez-moi, s’il vous plaît,