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SCÈNE XVIII.
damus — a terrassé Menon ; le bâtard Margarelon — a fait Doreus prisonnier, — et se tient comme un colosse, agitant sa poutre, — sur les cadavres écrasés des rois — Épistrophus et Cédius ; Polyxène est tué, — Amphimachus et Thoas mortellement blessés, — Patrocle pris ou tué ; Palamède — grièvement blessé et meurtri : le terrible Sagittaire (14) — épouvante nos troupes ; hâtons-nous, Diomède ! — Au secours, ou nous périssons tous !
Arrive Nestor.
NESTOR.

— Allons ! qu’on porte à Achille le corps de Patrocle ! — Et qu’on dise à cet Ajax au pas de limaçon de s’armer pour son honneur ! — Il y a mille Hectors sur le champ de bataille. — Ici il combat sur Galathe (15), son cheval, — et la besogne lui manque ! là, il est à pied, — et tous fuient ou meurent comme les menus poissons — dans le vomissement de la baleine ; plus loin, le voilà — et les Grecs de paille, mûrs pour sa lame, — tombent devant lui comme la gerbe sous la faux. — Ici, là, partout, il prend et laisse ; — sa dextérité obéit à sa fantaisie au point — qu’il fait ce qu’il veut, et il fait tant — que l’évidence est traitée d’impossibilité.

Arrive Ulysse.
ULYSSE.

— Ô courage ! courage, princes ! J’ai vu le grand Achille — s’armant, pleurant, blasphémant, jurant vengeance ! — Son sang engourdi a été réveillé par les blessures de Patrocle — et par les plaies de ses Myrmidons, — qui, sans nez, sans bras, hachés et broyés, viennent à lui en maudissant Hector. Ajax a perdu un ami, — et il a l’écume à la bouche, et il est armé, et à l’œuvre, — et il rugit après Troylus ! Troylus qui a fait aujourd’hui — des exploits fous et fantastiques, — engageant et dé-