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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.

BÉNÉDICT.

Quand je connaîtrai ce gentilhomme, je lui répéterai ce que vous dites.

BÉATRICE.

Faites, faites. Il lâchera une ou deux comparaisons contre moi, et si, par aventure, personne ne le remarque ou n’en rit, cela suffira pour le frapper de mélancolie, et ce sera pour ce soir une aile de perdrix d’épargnée, car le fou n’en soupera pas.

L’orchestre se fait entendre dans la salle de bal. Toute la procession des invités se dirige vers la porte.
BÉATRICE, entraînant Bénédict.

Suivons nos chefs de file.

BÉNÉDICT.

Dans toute chose bonne.

BÉATRICE.

Certainement. S’ils nous menaient au mal, je les quitterais au prochain détour.

Air de danse. Tous sortent, excepté don Juan, Claudio et Borachio.
DON JUAN.

Pour sûr, mon frère est amoureux d’Héro : il a pris son père à part pour s’en ouvrir à lui. Toutes les dames ont suivi Héro, et il ne reste plus qu’un masque.

BORACHIO.

C’est Claudio : je reconnais sa tournure.

DON JUAN, s’avançant vers Claudio.

N’êtes-vous pas le signor Bénédict ?

CLAUDIO.

Lui-même : vous me reconnaissez bien.

DON JUAN.

Signor, vous êtes l’ami fort intime de mon frère. Il s’est amouraché d’Héro. Je vous en prie, tâchez de le détourner d’elle. Elle n’est pas d’une naissance égale à