Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
SCÈNE IV.
Cham : je remplirai quelque ambassade chez les Pygmées, plutôt que de supporter trois mots de conférence avec cette harpie. Vous n’avez pas d’emploi pour moi ?
DON PEDRO.

Aucun ; je ne veux que votre bonne compagnie.

BÉNÉDICT.

Ô Dieu ! voici un plat que je n’aime pas, seigneur : je ne puis pas supporter cette maîtresse langue.

Il sort.
Entrent Béatrice, Héro, Claudio et Léonato.
DON PEDRO, à Béatrice.

Allons, belle dame, allons, vous avez perdu le cœur du signor Bénédict.

BÉATRICE.

Il est vrai, monseigneur, qu’il me l’avait prêté pour quelque temps : et moi, je lui avais donné, en guise d’intérêt, un cœur double pour ce simple cœur. Mais, ma foi, il me l’a regagné avec des dés pipés. Votre altesse a donc raison de dire que je l’ai perdu.

DON PEDRO.

Vous l’avez terrassé, madame, vous l’avez terrassé.

BÉATRICE.

Je ne voudrais pas qu’il m’en fît autant, monseigneur, j’aurais peur de devenir mère d’une famille de fous… Je vous amène le comte Claudio que vous m’aviez envoyé chercher.

DON PEDRO, à Claudio.

Eh bien, qu’avez-vous, comte ? Pourquoi êtes-vous triste ?

CLAUDIO.

Je ne suis pas triste, monseigneur.

DON PEDRO.

Vous êtes donc malade ?