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SCÈNE IV.

BÉATRICE.

Oui, monseigneur : je l’en remercie, le pauvre hère, il louvoie bien contre le souci…

Montrant Héro qui cause avec Claudio.

Ma cousine lui dit à l’oreille qu’elle le porte dans son cœur.

CLAUDIO, se retournant vers Béatrice.

Vous avez deviné, cousine.

BÉATRICE.

Vive le mariage !… Ainsi, tout le monde se met en ménage, excepté moi. Moi seule, je reste à la belle étoile. Je n’ai plus qu’à m’asseoir dans un coin, et qu’à crier : « Un mari, s’il vous plaît ! »

DON PEDRO.

Madame Béatrice, vous en aurez un de ma façon.

BÉATRICE.

J’en aimerais mieux un de la façon de votre père. Votre grâce n’a-t-elle pas un frère qui lui ressemble ? Les enfants de votre père seraient d’excellents maris pour des filles de leur rang.

DON PEDRO.

Voulez-vous de moi, belle dame ?

BÉATRICE.

Non, monseigneur, à moins que je n’en aie un autre pour les jours ouvrables. Votre grâce est trop magnifique pour être portée chaque jour… Mais je supplie votre grâce de me pardonner. Je suis née pour ne dire que des folies sans conséquence.

DON PEDRO.

C’est votre silence qui me déplairait, et la joie est ce qui vous va le mieux. Oui, sûrement vous êtes née dans une heure joyeuse.

BÉATRICE.

Non, certes, monseigneur, car ma mère criait fort ;