Bon gré, mal gré, je suis envoyée pour vous dire de venir dîner.
Jolie Béatrice, je vous remercie pour votre peine.
Je n’ai pas pris plus de peine pour avoir ces remercîments que vous n’en prenez pour me remercier : si cela m’avait été si pénible, je ne serais pas venue.
Vous prenez donc du plaisir à ce message ?
Oui, juste autant que vous en prendriez à égorger une grue avec la pointe d’un couteau… Vous n’avez pas d’appétit, signor ? portez-vous bien.
Ah ! Bon gré, mal gré, je suis envoyée pour vous dire de venir dîner ; il y a là un double sens. Je n’ai pas pris plus de peine pour avoir ces remercîments que vous n’en avez pris pour me remercier : c’est me dire en d’autres termes : Toute peine que je prends pour vous est aussi aisée qu’un remercîment… Si je ne la prends pas en pitié, je suis un manant ; si je ne l’aime pas, je suis un juif ! Je vais me procurer son portrait.