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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.

CONRAD.

Me voici, mon cher ; à ton coude.

BORACHIO.

Par la messe ! c’est donc pour ça que mon coude me démangeait : je croyais que j’allais avoir la gale.

CONRAD.

Je te dois une réponse à ce mot-là ; pour le moment, entame ta narration.

BORACHIO.

Mets-toi donc près de moi sous ce hangar, car il tombe du grésil, et, en véritable ivrogne, je vais tout te dire.

PREMIER WATCHMAN, à part.

Quelque trahison ! Tenons-nous aux aguets.

Les Watchmen s’approchent du hangar où Borachio et Conrad se sont réfugiés.
BORACHIO.

Sache donc que j’ai gagné de don Juan mille ducats.

CONRAD.

Est-il possible qu’il y ait des coquineries si chères ?

BORACHIO.

Demande plutôt s’il est possible qu’il y ait des coquineries si riches : car, quand les coquins riches ont besoin des coquins pauvres, les pauvres peuvent faire le prix qu’ils veulent.

CONRAD.

Tu m’étonnes.

BORACHIO.

Cela prouve combien tu es inexpérimenté : tu sais que la mode d’un pourpoint, d’un chapeau ou d’un manteau n’ajoute rien à un homme.

CONRAD.

Oui, ce n’est que le vêtement.

BORACHIO.

Je te parle de la mode.