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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/362

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LE CONTE D’HIVER.
partons cette nuit-même. — Je préviendrai tout bas vos gens, — et, en groupes de deux ou trois, par différentes poternes, — je les ferai sortir de la ville. Quant à moi, je mets — à votre service ma fortune que je viens de perdre ici — par cette révélation. N’ayez pas d’incertitude ; — car, par l’honneur de mes pères, — j’ai déclaré la vérité. Si vous voulez des preuves, — je n’ose m’attarder à leur recherche ; vous ne serez pas plus en sûreté ici — qu’un condamné dont l’exécution a été jurée — de la bouche même du roi.
POLIXÈNE.

Je te crois : — j’ai vu son cœur sur sa face. Donne-moi ta main ; — sois mon pilote, et ta place sera — toujours à côté de la mienne. Mes vaisseaux sont prêts, et — mes gens attendent mon départ — depuis deux jours… Cette jalousie — a pour objet une précieuse créature ; autant celle-ci est rare, — autant la jalousie doit être grande ; autant il est puissant, lui, — autant elle doit être violente ; et comme il se croit — déshonoré par un homme qui toujours — s’était déclaré son ami, sa vengeance n’en doit — être que plus acharnée. La crainte me couvre de son ombre. — Puisse la bonne chance protéger ma fuite, et être propice — à la gracieuse reine qui reste exposée à ses trames, sans avoir — mérité ses soupçons ! Viens, Camillo. — Je te respecterai comme un père, si — tu tires ma vie de là. Évadons-nous !

CAMILLO.

— En vertu de mon autorité, je dispose — des clefs de toutes les poternes. Que votre altesse — profite de cette heure urgente ! Allons, sire, en route !

Ils sortent.