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SCÈNE X.
vertus, mais le fait est qu’il a été chassé de la cour.
LE CLOWN.

De ses vertus ! vous devriez dire de ses vices. On ne chasse pas les vertus de la cour : on les y choie pour les y faire rester, et pourtant elles n’y sont jamais qu’en passant.

AUTOLYCUS.

C’est vices que je voulais dire, monsieur. Je connais cet homme parfaitement ; il a été, depuis, montreur de singes ; puis agent de procès, huissier ; puis il a montré l’Enfant prodigue en marionnettes, et épousé la femme d’un chaudronnier à un mille de l’endroit où sont mes terres et mes biens ; enfin, après avoir voltigé de vilains métiers en vilains métiers, il s’est établi fripon. Quelques-uns l’appellent Autolycus.

LE CLOWN.

Infamie sur lui ! un filou ! Sur ma vie, c’est un filou : il hante les veillées, les foires et les combats d’ours.

AUTOLYCUS.

Justement, monsieur, c’est lui, monsieur, c’est lui ; c’est le gueux qui m’a mis dans cet appareil.

LE CLOWN.

Il n’y a pas de fripon plus couard dans toute la Bohême ; vous n’aviez qu’à prendre un air résolu et à lui cracher à la figure, il se serait sauvé.

AUTOLYCUS.

Je dois vous avouer, monsieur, que je ne suis pas un batailleur ; je manque de cœur de ce côté-là ; et il le savait bien, je le garantis.

LE CLOWN.

Comment vous trouvez-vous à présent ?

AUTOLYCUS.

Beaucoup mieux, mon doux monsieur, je puis me tenir debout et marcher. Je vais même prendre congé