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TROYLUS ET CRESSIDA.
tude aussi fière — que l’insolent Achille. Comme lui, il garde sa tente. — Il fait de factieuses orgies, il raille notre position militaire — avec la hardiesse d’un oracle, et il provoque Thersite, — un misérable dont le fiel bat monnaie de calomnie, — à nous jeter la boue de ses comparaisons, — au risque d’affaiblir et de discréditer notre situation, — quels que soient les périls qui nous entourent.
ULYSSE.

— Ils blâment notre politique et la taxent de couardise, — ils regardent la sagesse comme étrangère à la guerre, — dédaignent la prévoyance, et n’estiment d’autre action — que celle du bras. Quant aux facultés paisibles de l’intelligence — qui règle le nombre des bras appelés à frapper — quand viendra l’occasion, et qui prend, à l’aide — d’une vigilante observation, la mesure des masses ennemies, — en bien, elles n’ont pas pour eux la valeur d’un simple doigt. — Travail d’alcôve, disent-ils, fatras de géographe, guerre de cabinet que tout cela ! — Le bélier qui abat la muraille — par la puissante vacillation et par la violence de son poids, — ils en font plus de cas que de la main qui a construit l’engin lui-même — ou que des esprits ingénieux — qui en règlent l’emploi d’après la raison.

NESTOR.

— Si l’on admet ce qu’ils disent, le cheval d’Achille — vaut plusieurs fois le fils de Thétis.

On entend une fanfare.
AGAMEMNON.

Quelle est cette trompette ? Voyez, Ménélas.

Arrive Énée.
MÉNÉLAS.

— Quelqu’un de Troie.