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SCÈNE II.

PREMIER SEIGNEUR.

Vous attendre ! Vous aviez vous un domaine suffisant ; mais il l’a agrandi, il vous a cédé du terrain.

DEUXIÈME SEIGNEUR, à part.

Autant de pouces que tu as d’océans. Faquins !

CLOTEN.

Je voudrais qu’on ne nous eût pas séparés.

DEUXIÈME SEIGNEUR, à part.

Et moi aussi, pas avant que tu eusses mesuré sur la poussière quelle longueur d’imbécile tu as.

CLOTEN.

Dire qu’elle aime ce drôle, et me refuse !

DEUXIÈME SEIGNEUR, à part.

Si c’est un péché de faire un bon choix, elle est damnée.

PREMIER SEIGNEUR.

Seigneur, comme je vous l’ai toujours dit, sa beauté et sa cervelle ne vont pas ensemble ; c’est une belle enseigne, mais j’ai vu que son esprit a peu de réflexion.

DEUXIÈME SEIGNEUR, à part.

Elle ne luit pas sur les sots, de peur que la réflexion ne l’incommode.

CLOTEN.

Allons ! je rentre dans ma chambre. Je voudrais qu’il y eût du mal !

DEUXIÈME SEIGNEUR, à part.

Je ne le souhaite pas, à moins que ce n’eût été la chute d’un âne, ce qui n’est pas un grand mal.

CLOTEN.

Venez-vous avec nous ?

PREMIER SEIGNEUR.

J’escorterai votre seigneurie.

CLOTEN.

Eh bien, partons ensemble.