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SCÈNE VIII.
— il reste dix-huit !… Hélas ! pauvre princesse, — divine Imogène, que ne souffres-tu pas, — entre un père gouverné par ta marâtre, — une mère forgeant des complots à toute heure, et un soupirant — plus odieux pour toi que n’est le noir exil — pour ton cher mari !… Puissent les cieux, contre l’horrible — divorce qu’on veut t’imposer, raffermir — les remparts de ton tendre honneur et maintenir inébranlable — le temple de ta belle âme ! Puisses-tu vivre, enfin, — pour posséder et ton seigneur banni et ce vaste royaume !
Il sort.

SCÈNE VIII.
[La chambre à coucher d’Imogène. Ameublement dans le goût le plus riche de la Renaissance. Tout autour de la chambre, une tapisserie soie et argent représentant la rencontre d’Antoine et de Cléopâtre sur le Cydnus. Au fond, une cheminée sur le manteau de laquelle est sculptée une Diane au bain, et dont les chenets sont surmontés de deux Cupidons d’argent se tenant sur un pied. Ça et là quelques tableaux. Plafond couvert de chérubins en ronde-bosse. Dans un coin est un coffre. Imogène est dans son lit, occupée à lire à la clarté d’un flambeau qui brûle sur une table à côté d’elle (3).]
Entre Hélène, une de ses Suivantes.


IMOGÈNE.

— Qui est là ? une de mes femmes ? Hélène !

HÉLÈNE.

Oui, madame, à vos ordres.

IMOGÈNE.

— Quelle heure est-il ?

HÉLÈNE.

Près de minuit, madame.