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CYMBELINE.

Arviragus s’élance tout à coup hors de la grotte, portant Imogène, qui semble morte.
BÉLARIUS.

Regarde, le voici ! — Il apporte dans ses bras l’excuse terrible — de ce que nous lui reprochions.

ARVIRAGUS.

Il est mort, l’oiseau — auquel nous tenions tant ! Je voudrais — avoir bondi de seize ans à soixante, — et échangé mon agilité pour des béquilles, — plutôt que d’avoir vu ceci !

GUIDÉRIUS.

Ô lis charmant ! si beau — soutenu ainsi par mon frère, tu l’étais bien plus — quand tu te dressais de toi-même !

BÉLARIUS.

Ô mélancolie ! — qui pourra sonder le fond où tu t’abîmes, et, te dégageant — de la vase, désigner la côte où ta carène inerte — pourrait se réfugier aisément !… Et toi, créature bénie, — le ciel sait quel homme tu aurais pu faire ; mais moi je sais, — adorable enfant, que tu es mort de mélancolie !

À Arviragus.

— En quel état l’avez-vous trouvé ?

ARVIRAGUS.

Roide, comme vous voyez ; — souriant ainsi, comme si son sommeil avait senti le chatouillement d’une mouche — inoffensive, et non le coup de la mort ! Sa joue droite — reposait sur un coussin.

GUIDÉRIUS.

Où ?

ARVIRAGUS.

Par terre, — les bras ainsi croisés. J’ai cru qu’il dor-