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CYMBELINE.
ture ? Quel intérêt as-tu — dans cette triste catastrophe ? Comment est-elle arrivée ? Qui est-il, — et qui es-tu ?
IMOGÈNE.

Je ne suis rien ; ou, si je suis quelque chose, — mieux vaudrait n’être rien. Celui-là était mon maître, — un Breton vaillant et bon, — tué ici par des montagnards… Hélas ! — il n’y a plus de pareils maîtres ! Je puis errer — de l’est à l’occident, réclamer du service, — essayer de beaucoup, et des meilleurs, en les servant fidèlement : jamais — je ne retrouverai un tel maître !

LUCIUS.

Pauvre jeune homme ! — tes plaintes ne m’émeuvent pas moins que — la vue de ton maître ensanglanté. Dis-moi son nom, mon bon ami.

IMOGÈNE.

— Richard du Champ…

À part.

Si je fais un mensonge — inoffensif, j’espère que les dieux qui m’entendent — me le pardonneront…

Haut.

Vous disiez, seigneur ?

LUCIUS.

Quel est ton nom ?

IMOGÈNE.

Fidèle, seigneur.

LUCIUS.

— Tu le justifies hautement : ton nom sied bien — à ton dévouement : ton dévouement à ton nom. — Veux-tu risquer la chance avec moi ? Je ne dis pas — que ton nouveau maître vaudra l’autre ; mais sois sûr — qu’il t’aimera autant. Des lettres de l’empereur — remises à moi par un consul ne feraient pas ton avancement plus vite — que ton propre mérite. Viens avec moi.