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OTHELLO.
mes mérites — pourront répondre la tête haute à la fière fortune — que j’ai conquise. Sache-le bien, Iago, — si je n’aimais pas la gentille Desdémona, — je ne voudrais pas restreindre mon existence, libre sous le ciel, — au cercle d’un intérieur, — non, pour tous les trésors de la mer. Mais vois donc ! Quelles sont ces lumières là-bas ?
Cassio et plusieurs officiers portant des torches apparaissent à distance.
IAGO.

— C’est le père et ses amis qu’on a mis sur pied. — Vous feriez bien de rentrer.

OTHELLO.

Non pas : il faut que l’on me trouve. — Mon caractère, mon titre, ma conscience intègre, — me montreront tel que je suis. Sont-ce bien eux ?

IAGO.

Par Janus ! Je crois que non.

OTHELLO, s’approchant des nouveaux venus.

Les gens du doge et mon lieutenant ! — Que la nuit vous soit bonne, mes amis ! — Quoi de nouveau ?

CASSIO.

Le doge vous salue, général, — et réclame votre comparution immédiate.

OTHELLO.

De quoi s’agit-il, — à votre idée ?

CASSIO.

— Quelque nouvelle de Chypre, je suppose : — c’est une affaire qui presse. Les galères — ont expédié une douzaine de messagers qui ont couru — toute la nuit, les uns après les autres. — Déjà beaucoup de nos conseils se sont levés et réunis — chez le doge. On vous a réclamé ardemment ; — et, comme on ne vous a pas trouvé à