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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/261

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SCÈNE III.
engloutit et submerge les autres soucis — dans son invariable plénitude.
LE DOGE.

De quoi s’agit-il donc ?

BRABANTIO.

— Ma fille ! Ô ma fille !

UN SÉNATEUR.

Morte ?

BRABANTIO.

Oui, morte pour moi. — On l’a abusée ! on me l’a volée ! on l’a corrompue — à l’aide de talismans et d’élixirs achetés à des charlatans. — Car, qu’une nature s’égare si absurdement, — n’étant ni défectueuse, ni aveugle, ni boiteuse d’intelligence (22), — ce n’est pas possible sans sorcellerie…

le doge.

— Quel que soit celui qui, par d’odieux procédés, — a ainsi ravi votre fille à elle-même — et à vous, voici le livre sanglant de la loi. — Vous en lirez vous-même la lettre rigoureuse, — et vous l’interpréterez à votre guise : oui, quand mon propre fils — serait accusé par vous !

BRABANTIO.

Je remercie humblement votre Grâce. — Voici l’homme ; c’est ce More que, paraît-il, — votre mandat spécial a, pour des affaires d’État, — appelé ici.

LE DOGE ET LES SÉNATEURS.

Lui ! nous en sommes désolés.

LE DOGE., à Othello.

— Qu’avez-vous, de votre côté, à répondre à cela ?

BRABANTIO.

Rien, sinon que cela est.

OTHELLO.

— Très-puissants, très-graves et très-révérends seigneurs, — mes nobles et bien-aimés maîtres, — j’ai en-