— Quelle promesse, poulette ?
— J’ai envoyé dire à Cassio de venir vous parler.
— J’ai un méchant rhume opiniâtre qui me gêne ; — prête-moi ton mouchoir.
Voici, monseigneur.
— Celui que je vous ai donné.
Je ne l’ai pas sur moi.
— Non ?
Non, ma foi, monseigneur.
C’est une faute. — Ce mouchoir, — une Égyptienne le donna à ma mère ; — c’était une charmeresse qui pouvait presque lire — les pensées des gens… Elle lui dit que, tant qu’elle le garderait, — elle aurait le don de plaire et de soumettre entièrement — mon père à ses amours ; mais que, si elle le perdait — ou en faisait présent, — mon père ne la regarderait plus — qu’avec dégoût et mettrait son cœur en chasse — de fantaisies nouvelles. Ma mère me le remit en mourant, — et me recommanda, quand la destinée m’unirait à une femme, — de le lui donner. C’est ce que j’ai fait. Ainsi, prenez-en soin ; — qu’il vous soit aussi tendrement précieux que votre prunelle ; — l’égarer ou le donner, ce serait une catastrophe — qui n’aurait point d’égale.
Est-il possible ?