Paix, stupide radoteuse ! — Allez émettre vos sentences sur le bol d’une commère, — car ici nous n’en avons pas besoin.
Vous êtes trop brusque.
— Jour de Dieu ! j’en deviendrai fou. — Le jour, la nuit, à tout heure, à toute minute, à tout moment, que je fusse occupé ou non, — seul ou en compagnie, mon unique souci a été — de la marier ; enfin je trouve — un gentilhomme de noble lignée, — ayant de beaux domaines, jeune, d’une noble éducation, — pétri, comme on dit, d’honorables qualités, — un homme aussi accompli qu’un cœur peut le souhaiter, — et il faut qu’une petite sotte pleurnicheuse, — une poupée gémissante, quand on lui offre sa fortune, — réponde : Je ne veux pas me marier, je ne puis aimer, — je suis trop jeune, je vous prie de me pardonner ! — Ah ! si vous ne vous mariez pas, vous verrez comme je vous pardonne ; — allez paître où vous voudrez, vous ne logerez plus avec moi. — Faites-y attention, songez-y, je n’ai pas coutume de plaisanter. — Jeudi approche ; mettez la main sur votre cœur, et réfléchissez. — Si vous êtes ma fille, je vous donnerai à mon ami ; — si tu ne l’es plus, va au diable, mendie, meurs de faim dans les rues. — Car sur mon âme, jamais je ne te reconnaîtrai, — et jamais rien de ce qui est à moi ne sera ton bien. — Compte là-dessus, réfléchis, je tiendrai parole.
— N’y a-t-il pas de pitié, planant dans les nuages, — qui voie au fond de ma douleur ? — Ô ma mère bien-aimée, ne me rejetez pas, — ajournez ce mariage d’un