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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
affable. — Pourquoi le monde prétend-il que Catharina est boiteuse ? — Ô monde calomniateur ! Catharina est droite et svelte — comme la tige du coudrier ; elle est brune — comme la noisette et plus douce que son amande. — Oh ! que je te voie marcher ! Tu ne boites pas !
CATHARINA.

— Imbécile, va donner des ordres à ceux que tu payes.

PETRUCHIO.

Diane a-t-elle jamais embelli la forêt — autant que Catharina pare cette chambre avec son élégance princière ? — Oh ! sois Diane, et que Diane devienne Catharina ; — et qu’alors Catharina soit chaste et que Diane devienne tendre !

CATHARINA.

— Où avez-vous étudié ce beau discours ?

PETRUCHIO.

— C’est un impromptu né de mon esprit !

CATHARINA.

— Il faut que l’auteur ait de l’esprit pour que l’œuvre en ait !

PETRUCHIO.

— Ne suis-je pas spirituel ?

CATHARINA.

— Oui ! Alors tenez-vous chaudement (10).

PETRUCHIO.

— Morbleu, c’est mon intention, suave Catherine, dans ton lit ! — Et sur ce, laissant de côté tout ce babil, — je m’explique en termes clairs. Votre père consent — à ce que vous soyez ma femme, votre dot est réglée ; — et bon gré, mal gré, je vous épouse. — Croyez-moi, Cateau, je suis le mari qu’il vous faut ; — car, par cette lumière qui me fait voir ta beauté, — ta beauté qui me