Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
SCÈNE XII.

PETRUCHIO.

— Elle m’a prévenu… Voilà, signor Tranio, — l’oiseau que vous avez visé sans pouvoir l’atteindre. — Allons ! je bois à tous les tireurs, heureux et malheureux !

TRANIO.

— Ah ! monsieur, Lucentio m’a lâché comme un lévrier — qui court le gibier, mais qui ne l’attrape que pour son maître.

PETRUCHIO.

— Bonne et leste comparaison, mais qui sent le chenil !

TRANIO.

— Vous avez bien fait, monsieur, de chasser pour vous-même ; — on dit pourtant que le cerf en perspective vous met aux abois.

BAPTISTA.

— Oh ! oh ! Petruchio, Tranio tire sur vous à présent.

LUCENTIO.

— Merci du sarcasme, bon Tranio.

HORTENSIO.

— Avouez, avouez qu’il vous a touché, là !

PETRUCHIO.

— Il m’a un peu égratigné, je l’avoue ; mais, comme le trait a ricoché, — il y a dix à parier contre un qu’il vous a estropiés tous deux.

BAPTISTA.

— Ça, pour parler sérieusement, fils Petruchio, — je crois que tu as la plus difficile de toutes.

PETRUCHIO.

— Eh bien, je dis que non ; et, tenez ! pour preuve, — que chacun de nous fasse demander sa femme : — celui dont la femme sera la plus obéissante — et se rendra la première à l’invitation, — gagnera le pari que nous allons régler.